La question pourrait vous faire penser à un jeu de mots étrange ou à un paradoxe.
Mais si cette question n’était pas si étrange que cela ?
J’ai choisi cette question comme point de départ pour vous faire part de notre méthode d’accompagnement dans la créativité et l’innovation, car cette expression a marqué profondément ma vision du management de l’innovation.
Au début, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une répétition, comme il nous arrive souvent d’entendre dans les conférences. Cependant, il n’y avait pas de répétition.
En fait, plusieurs années après ce cours, j’ai réalisé à quel point, la notion « d’idée d’idée » était puissante.
Aujourd’hui, chez Quantum Consulting Services, on pense que c’est là, dans cet espace, que se joue la partie de la créativité et de l’innovation de rupture.
Le monde de l’ingénierie a été très largement dominé, jusque dans les années 1980, par le mode de pensée systématique, notamment par les sciences de l’ingénieur et la systématique allemande.
De quoi s’agit-il en quelque mots ?
Il est toujours difficile et dangereux de prendre des raccourcis, mais, pour faire court, il s’agissait d’améliorer des performances existantes autour d’un design dominant pour un produit ou un service donné.
Parfois, le processus « sortait du cadre connu » et cela donnait des résultats surprenants.
Les études approfondies d’exemples « surprenants » de succès, ont révélé, l’émergence d’un mouvement intellectuel, orienté vers une innovation « radicale » qui venait s’opposer à l’innovation incrémentale (améliorations continues obtenues pas à pas).
Abernathy et Clark, qualifiaient en 1985, ce type d’innovation de « breakthrough » et Christensen en 1997, mentionnait le terme de « disruptive innovation ».
L’accélération du rythme de la recherche, à la fin des années 1990 et le début des années 2000, ainsi que les progrès dans les neurosciences, et les sciences cognitives, ont offert un excellent terrain d’observation et de formalisation des théories de l’innovation.
Pourquoi faire donc? Pourquoi aurait-on besoin de théoriser et systématiser l’innovation ?
L’économie et les marchés ont deux caractéristiques essentielles : d’abord le lien fondamental entre les marchés et les besoins latents (par opposition aux besoins explicites et implicites), ensuite la dynamique des marchés (leurs vitesses d’évolution et leurs capacités à s’interconnecter).
Prenez la BlaBlaCar par exemple. Vous n’aviez pas vraiment exprimé le besoin d’être assis dans un véhicule à côté d’une personne qui a les mêmes centres d’intérêt que vous. Mais, de manière latente, force est de constater que c’est tout de même bien plus agréable de voyager à coté de quelqu’un avec qui on peut échanger sur des sujets qui nous intéressent, surtout lorsqu’on est plutôt extroverti.
De manière similaire, en interconnectant le marché des transport en commun avec les plateformes de services fournies via internet, on a facilité l’émergence de cette catégorie de services innovante.
Mais, prendre le pari d’aller vers ce type de marché, n’est pas toujours une chose facile.
En effet, chez Quantum Consulting Services, nous pensons qu’une des causes principales d’échec des entreprises qui souhaitent mettre sur le marché des produits et services innovants, n’est pas celui d’apporter de mauvaises réponses à de bonnes questions mais celle d’apporter de bonnes réponses à des fausses questions.
Il est donc évident que dans un monde plus dynamique et plus interconnecté, le processus de prise de décision, devienne plus difficile et plus risqué. En effet, dans un vaste système dynamique et interconnecté qu’est devenu le monde, les situations et les décisions deviennent assez vite obsolètes.
Créer des ruptures en termes de produits, d’usages, de services, permet d’aller plus vite que le système global et s’assurer une place de leader pour une durée limitée…
Alors, comment créer ces ruptures de manière systématique?
Comment s’assurer que les processus mentaux de décision, d’optimisation, de modélisation, de production de connaissances, d’évaluation, d’idéation, ne sont pas le fruit des phénomènes aléatoires ou hasardeux ?
Un premier pas, très important est celui de rendre le raisonnement indépendant des objets à concevoir.
Grâce à cette approche intellectuelle, il est possible de penser au mode d’usage, au comportement, à la fonction et à la structure sans avoir dans son esprit, une concrétisation de l’objet que l’on veut créer.
La conception, en tant que processus, a été malheureusement influencée ces dernières années, par des courants comme : le paradigme décisionnel, le paradigme de modélisation, le paradigme exploratoire basé sur l’intelligence artificielle, les modèles « multi-agents intelligents », le « data analytics » basé sur des mégadonnées…
Ce que nous avons constaté chez Quantum Consulting Services, c’est que ce qui complique l’environnement c’est la forte fragmentation du champs des connaissances entre les métiers intervenants dans la conception. Vous pouvez aisément en faire votre propre opinion, en observant la difficulté avec laquelle l’ingénieur de conception, l’architecte, le manager le designer marketing, et le financier communiquent au quotidien.
Pourtant, ils peuvent tous être très créatifs dans leur travail respectif.
L’enjeu majeur est donc de fournir un contexte interdisciplinaire de la conception et une compréhension commune permettant de créer un véritable creuset pour maturer et concrétiser les choses les plus immatérielles qui naissent dans notre esprit : nos pensées en tant que processus et nos idées, en tant que produits de la pensée.
Pour aller plus loin, il conviendrait, de définir quelques termes qui sont souvent confondus dans le langage courant.
Dans cet article, je parlerai du mot « idée » comme d’une représentation mentale relativement instable dans le temps. L’idée est basée sur une perception, c’est un produit d’un processus de pensée, elle est imaginaire (ou abstraite). Elle est souvent dépendante d’un contexte et assez éphémère et changeante.
On entend d’ailleurs souvent des expressions comme « changer ses idées » ou « idées changeantes » ou «se débarrasser des idées reçues »….
Je parlerai du mot « concept » (du latin cum capio : “saisir ensemble”). Il s’agit d’une construction mentale également. Le concept est une représentation abstraite appliquée à un ou à plusieurs objets, dont on peut ainsi résumer et généraliser les caractéristiques. Le concept c’est déjà une « idée plus stable », dans le sens où il est associé à des mots porteurs de sens. Le concept n’a pas de statut logique. Il n’est ni vrai ni faux, c’est simplement un outil pour penser.
Je ne veux pas vous « perdre » alors, je vais vous donner quelques exemples de concepts : la multidisciplinarité, la dualité, la liberté d’action, une carte de vœux comestible et la mangue…sont des concepts.
Là vous allez me dire : mais que fait la mangue là-dedans ?
Bien oui, même la mangue est un concept tant que vous n’avez pas concrétisé dans votre esprit une image de mangue que vous avez déjà vue ou mangée.
Il est plus évident d’admettre la notion de « concept » lorsque je parle d’une carte de vœux comestible, car probablement, vous n’avez pas encore vu ou mangé une carte de vœux.
Pourtant, vous savez très bien ce qu’est une « carte de vœux » et ce que signifie « comestible ».
C’est bien pour cela que le concept de « carte de vœux comestible » n’a pas de statut logique vrai ou faux. Si vous voulez, il est à la fois vrai et faux…un peu comme le chat de Schrödinger.
A ce stade, les choses commencent à devenir très intéressantes car ce que se passe avec ma « carte de vœux comestible » c’est que j’ai adressé également une zone bien physique, bien vivante et bien active de votre cerveau : c’est la zone qui est en charge de la mémoire.
Dans cette zone vous avez stocké votre espace des connaissances.
La chose la plus extraordinaire c’est qu’avec mon concept de « carte de vœux comestible » vous avez fait appel à deux types de connaissances : celles que vous avez acquises à travers vos propres expériences et celles qu’on vous a transmises et que vous avez acceptées.
En tant qu’humains, nous ne pouvons vraiment connaître que les choses auxquelles on fait vraiment l’expérience. Par exemple : si vous avez déjà vu, touché, ou fabriqué une carte de vœux, alors vous pouvez dire que vous savez ce que c’est une carte de vœux (du moins les instances de carte de vœux avec lesquelles vous avez été en contact).
En revanche, la notion de « comestible » est une connaissance que vous avez acquise. Il y a de fortes chances que vous n’ayez pas inventé cette notion. C’est un mot dont on vous a expliqué la signification et vous avez fait le choix de le croire et l’assimiler ainsi.
Notre espace des connaissances est donc fait de choses dont on a fait l’expérience et des choses qu’on a appris, cru et assimilé.
Il existe également un troisième aspect lié avec les mots « carte de vœux » et « comestible », c’est que ces mots ont un statut défini dans votre esprit.
Vous voyez donc que l’espace des connaissances est bien distinct de celui des concepts dans le sens où l’espace des concepts a un statut indéfini dans votre esprit alors que celui des connaissances a un statut défini.
Il y a donc une « zone d’ombre » dans l’espace des connaissances dans le sens où les choses dont on n’a pas fait l’expérience (mais que nous connaissons), peuvent être également des croyances, bref, des choses qui n’existent pas dans la réalité…
Vous voulez des exemples ?
Vous pensez savoir ce qu’est l’eau. Posez-vous un peu et réfléchissez vraiment et vous verrez que vous n’en savez probablement pas tant que cela. Avez-vous vu un atome d’hydrogène ? Avez-vous vu un atome d’oxygène, des électrons, des quarks ? Avez-vous pu mesurer vraiment l’angle entre deux atomes d’hydrogène, les 104°, 45’’ ? L’eau est donc une connaissance qui a le statut vrai pour certaines propriétés dont vous en avez fait l’expérience, le statut vrai pour d’autres propriétés qu’on vous a enseignés et que vous croyez vraies et le statut faux pour d’autres propriétés que vous ne croyez pas (comme « l’eau en poudre » par exemple).
Un autre exemple : vous avez vu certainement Mickey Mouse à la télé ou dans un parc d’attractions. Il existe donc. Cependant, vous savez très bien qu’il n’est pas réel. C’est donc une connaissance qui a le statut vrai pour la question de l’existence et le statut faux pour la question de la réalité.
Pourquoi faire cette distinction entre concepts et connaissances donc ? Où veux-je en venir ?
Je veux en venir au fait que vous pouvez opérer avec vos connaissances dans le domaine du connu et que vous pouvez faire une passerelle entre le domaine du connu (des connaissances) vers celui de l’inconnu (des concepts).
Toute la difficulté, réside dans le fait qu’il faut connaître les opérateurs entre ces deux espaces et saisir la notion de passage entre ce qui est du domaine de la pensée conceptuelle et le monde de la pensée qui opère sur des connaissances.
Les processus neurochimiques qui marquent la matérialisation de la pensée sont mal connus à ce jour et nous devons accepter une part de « saut mystérieux entre le monde immatériel de la pensée et celui matériel de la neurochimie). Ce saut mystérieux peut paraître absurde (comme, auparavant, toute nouvelle théorie).
Richard Phillips Feynman, un des et influents physiciens, connu pour ses travaux de reformulation de la mécanique quantique à l’aide de son intégrale de chemin, avait l’habitude de dire à ses étudiants : « ne me dites pas que la physique quantique est absurde car la nature elle-même est absurde ».
En fait, il disait ni plus ni moins ce que disait auparavant Werner Heisenberg : « Se peut-il que la nature soit aussi absurde… ».
Il est donc difficile à décrire un processus complexe dans lequel on doit admettre une zone inconnue à ce jour et non prouvée par l’expérience, mais c’est là que nous en sommes à ce jour.
En fait c’est tout la différence entre la science et l’expérience : la science formule une théorie et explique des résultats de l’expérience alors que l’expérience, elle prouve une théorie ou l’invalide.
Ainsi, chez Quantum Consulting Services, nous pensons que ce processus subtil de la créativité et de l’innovation de rupture, se joue en quelques étapes clés, que nous suivons durant nos séances de coaching:
1. Il s’agit de mettre son esprit à son service en créant un état de disponibilité des ressources intellectuelles afin de pouvoir formuler des partitions surprenantes dans le domaine des concepts. Une partition surprenante est un concept qui intrigue et invite à l’expansion (e.g : carte de vœux comestible ou « canapé souriant »). La création d’un tel état mental, demande un minimum d’exercice que nous vous proposons de faire ensemble.
2. La formulation de ce « Concept Expansif Zéro » doit permettre de repérer les trous et les indécidables dans le domaine des connaissances
3. Il en suit une phase d’exploration du domaine des connaissances. Cette exploration, doit se faire de manière interdisciplinaire afin d’identifier les zones qui ont besoin de créer du nouveau savoir
4. Le nouveau savoir s’obtient soit grâce à des recherches des domaines connexes ou des expériences nouvelles.
5. On revalide ainsi le Concept Expansif Zéro s’il donne lieu à la création de nouvelles connaissances. En effet, les parcours les plus puissants, sont ceux qui donne lieu à une double expansion : celle des concepts et celle des connaissances. On cherche un mécanisme d’oscillation entretenues entre concepts nouveaux et connaissances nouvelles.
6. Ainsi, les résultats de ces recherches et expériences dans le domaine des connaissances, ont pour but, de permettre non seulement l’existence mais aussi, la transformation du Concept Expansif Zéro
7. De cette manière, il est possible de revenir de l’espace des connaissances vers l’espace des concepts avec une proposition de reformulation, de transformation, d’expansion ou de partitionnement du Concept Expansif Zéro
8. En vérifiant sa structure, sa cohérence, en formulant et en sélectionnant, on retient un Concept Expansif Un, qui doit inciter à faire un nouveau parcours dans l’espace des connaissances
Ce processus est itératif et finit lorsque le Concept Expansif a gagné suffisamment en compréhension, en valeur pour être utilisé comme concept de départ dans un projet de développement de nouveau produit ou de service.
En s’appuyant sur un concept de départ, très innovant, on peut ensuite appliquer de manière ciblée d’autre méthodes d’innovation, moins génératives, come TRIZ par exemple.
C’est pour cela, que nous avons créé chez Quantum Consulting Services une méthode vous permettant de booster et tirer un maximum de bénéfices de vos incroyables capacités de créativité et d’innovation.
Quantum Consulting Services - Novembre 2020